Histoire / Patrimoine

Clemenceau-devant-sa-statue-10-mai-1921©-Arch.-dép.-Vendée-Cartes-postales-et-photographies-de-Georges-Clemenceau-1-Num-25-1

© Arch. dép. Vendée, Cartes postales et photographies de Georges Clemenceau, 1 Num 25-1.

Le président Georges Clemenceau inaugure son monument le 2 octobre 1921

Au carrefour de la RN 137 et de la RD 948 se dresse à SAINTE-HERMINE le monument Georges Clemenceau. Quelques soldats casqués, en tenue de campagne, les pieds alourdis par la boue.

Le dominant, un homme – un civil – enveloppé d’un manteau de voyage, coiffé d’un petit chapeau mou. Le visage tendu, le regard grave, il scrute l’horizon, tandis que les rudes faces de combattants se lèvent vers lui.

Cette silhouette, aux poings nerveusement serrés, ces moustaches tombantes, ces pommettes qui saillent, qui ne le reconnaîtrait pas? C’est Georges Clemenceau.

Bien que né à Mouilleron-en-Pareds en 1841, la première jeunesse de Clemenceau s’écoula au Château de l’Aubraie, à quatre kilomètres de Sainte-hermine. C’est Clemenceau lui-même qui a désigné la place sur laquelle le monument s’érigerait.

Cette statue a été exécutée par Sicard, qui était un ami personnel de l’ancien Président du Conseil. Il a fallu deux ans à ce statuaire pour équarrir et tailler le bloc de pierre provenant de Pouillenay-en- Bourgogne, d’où sont sorties ces figures singulièrement expressives et vivantes. L’artiste s’est inspiré d’une phrase célèbre prononcée par Clemenceau à la Chambre : « Je fais la guerre » et aussi cette autre parole qu’il aimait à répéter : « Ce n’est pas moi qui suis intéressant, ce sont les poilus ». SICARD n’a pas voulu les séparer.

« J’ai eu la joie, le 2 octobre 1921, d’inaugurer ma propre statue à Sainte-Hermine. C’était très touchant. Cela s’est déroulé dans une atmosphère de kermesse villageoise » avait écrit dans ses souvenirs Georges Clemenceau.

C’est effectivement le 2 octobre 1921 que se déroula cette cérémonie originale. Le discours de Clemenceau est demeuré en quelque sorte historique. Devant sa statue, il s’exclama en effet, sous les applaudissements de la foule : « La France, la France, la France par-dessus tout ». Il n’a pas considéré ce monument comme un témoin de sa propre gloire. Il en a fait l’hommage aux poilus qui l’entourent, aux gars de Vendée qui, après avoir ouvert le sillon sanglant des tranchées, sont revenus simplement, après l’avoir sauvé, ensemencer la terre qui nourrira le Pays.

En 1941, au cours d’une nuit d’orgie, les troupes d’occupations allemandes mutilèrent le visage de Clemenceau et la tête d’un soldat. Après réfection, le monument fut entouré de planches jusqu’à la Libération.

De nombreux hommes politiques se sont inclinés devant le monument, notamment Vincent Auriol, Président de la République, le Président Monnerville, le Général de Gaulle, Jacques Chirac…

Jean CHAUVIÈRE

1940 Souviens-toi

Deux sifflements retentissent au loin annonçant l’arrivée en gare du petit train départemental à vapeur. Dix heures vingt-trois. Par ce matin gris d’avril 1940, le premier convoi des gens du Nord arrive à Sainte-Hermine. Ces gens que l’on appelle les réfugiés nous viennent des Ardennes, fuyant l’ennemi envahisseur, pour une destination inconnue.

Les garçons trouveront du travail dans les fermes, chez les artisans du bâtiment, d’autres exploiteront le bois taillis qui servira à faire du charbon de bois. Quelques-uns viennent grossir les rangs de l’équipe de football où les Caramos, Fournez James apportent leur talent.

La Préfecture des Ardennes s’installe momentanément à l’ancien Hôtel Renaud, actuellement propriété de M. Martin, dentiste, maire de Sainte-Hermine.

Roger CHATELIER

Les inondations de 1960

Dès l’aube de cette matinée du 4 novembre 1960, la Smagne était sortie de son lit. Elle recouvrait déjà les prairies situées en amont et en aval du pont de la Poste. Les crues étaient fréquentes à cette époque. Dès 8 heures, la Smagne se transforma en torrent, le niveau s’élevait sans discontinuer. Vers 10 heures, l’eau commença à envahir la rue Clemenceau. À 13 heures, la hauteur de l’eau atteint son apogée.

De la Mairie jusqu’à la rue de l’If, la violence du courant interdisait l’accès aux maisons se trouvant sur ce parcours. Le niveau d’eau atteignait 1,60 mètre à la caserne des pompiers et dépassait le mètre à l’Ile de Ponthouis.

Certains habitants étaient bloqués dans leur maison et réfugiés à l’étage ou au grenier.

Ceux qui étaient domiciliés près de la rivière voyaient défiler de nombreux objets : bois, fûts, bouteilles de gaz, etc.

Sur le pont de la Poste, la vibration était importante. En aval de ce pont, un siphon creusait profondément le lit de la rivière.

Par hasard, des voitures amphibies venant de Bretagne et se dirigeant vers La Rochelle arrivèrent à Sainte-Hermine dans le courant de l’après-midi. Ce sont elles qui délivrèrent les Herminois bloqués dans leur habitation.

Les dégâts causés par cette crue furent très importants, tant à Sainte-Hermine qu’à Mareuil-sur-Lay, Fontenay-le-Comte ou autres lieux. Heureusement, il n’y eut point de victime.

Souhaitons de ne jamais revoir pareil cataclysme.

Jean CHAUVIÈRE

La venue du Général De Gaulle à Sainte-Hermine le 20 mai 1965

De nombreux hommes politiques se sont arrêtés à Sainte-Hermine, au pied du Monument dressé à la mémoire de Georges Clemenceau. Citons entre autres : Vincent Auriol, Président de la République, le Président Monnerville, Jacques Chirac, le Général de Gaulle à deux reprises.

Le 20 mai 1965, le Général de Gaulle, Président de la République, après avoir déposé une gerbe en forme de croix de Lorraine devant le Monument, devait dire :

« La France est aujourd’hui ce que Clemenceau aurait voulu qu’elle fût, c’est-à-dire libre, indépendante, maîtresse de son destin, prête à se savoir de l’avenir qui s’ouvre à elle ».

Tentative d’attentat contre le Général De Gaulle

Le 20 mai 1965, Jacques Soustelle a sauvé la vie du Général de Gaulle : telle est l’affirmation de Jean-François Deniau, lors de son discours de réception à l’Académie Française, le 3 décembre 1992. Jacques Soustelle aurait prévenu les Services de Sécurité qu’une bombe exploserait lors de son passage.

Reprenons les faits, les 19 et 20 mai 1965 : le Général de Gaulle, alors Président de la République, visite la Vendée. Le Général, comme à son accoutumée, s’adonne aux “bains de foule”. Frayeur posthume lorsqu’on apprend que, lors de son passage, un commando dirigé par Jean-Jacques Susini, membre de l’O.A.S. condamné à mort par défaut par la Cour de Sûreté est arrêté. La mise hors d’état de nuire des six hommes du commando révèle qu’ils s’apprêtaient à faire sauter un engin télécommandé à SAINTE-HERMINE, devant la Statue de Georges Clemenceau.

JAMIN, Maire de SAINTE-HERMINE avec le Général de Gaulle pendant les discours.

Jean CHAUVIÈRE

Les lavoirs

L’usage du lave-linge est récent. Ce merveilleux appareil ménager, si utile à la maîtresse de maison, a trouvé sa place au sein de chaque foyer. Il fit son apparition peu de temps après le dernier conflit mondial. Mais auparavant, de quelle façon était accomplie cette pénible et fastidieuse corvée de nettoyage ? On se rendait tout simplement au lavoir communal, afin de laver, frotter, rincer.

Ces lavoirs étaient alimentés, pour la plupart, par des sources. Ils étaient régulièrement, pour ne pas dire quotidiennement, fréquentés par les lavandières « professionnelles », lesquelles arrivaient en ce lieu avec leur brouette chargée de linge, leur garde-genoux et leur battoir. Elles nettoyaient le linge des familles. Ces lieux pittoresques étaient utilisés aussi par les maîtresses de maison, ou par les « servantes » et encore par les épouses des hôteliers, coiffeurs, bouchers et autres.

C’était un lieu où il était facile d’apprendre – avec commentaires à l’appui – les dernières nouvelles ! À l’époque, la radio était inconnue, ni bien sûr la télévision, la presse était peu lue. L’on se distrayait ainsi tout en savonnant, battant ou rinçant le linge. En accomplissant ce dur labeur, il fallait bien se détendre. La joie régnait. Le travail accompli, l’on roulait la brouette à linge, dégoulinante d’eau, au domicile de chacune.

Des plaisantins avaient baptisé les lavandières « poules d’eau » !

Les lavoirs à Sainte-Hermine

La commune de Sainte-Hermine était dotée de 8 lavoirs. Récemment, il a été aménagé, dans l’ex-local des pompiers, une salle appelée « Le lavoir ». À cet endroit, en effet, il existait un lavoir dénommé « Le Troquet ». Muni d’une légère charpente, recouverte de tuiles, il était alimenté par une excellente source située sous l’immeuble de la mairie. Les lavandières d’Ougnettes pouvaient exercer leur fonction à un lavoir situé près de la Ramée. Un peu plus loin, à proximité du château, l’on pouvait exercer son travail en profitant de l’eau de la Smagne. La partie cimentée de ce lavoir subsiste toujours.

Les autres lavoirs herminois étaient situés à :

  • Choreau (face à la propriété Payen).
  • La Bodinière (à proximité du domicile de Mme Lavergne).
  • L’Ouchambine (à peu de distance de la Smagne) ; ce lavoir est actuellement en cours de restauration.
  • Au village du Magny (près de chez Mme Michaud).

Les lavandières exerçaient aussi leur talent près du Pont de Richambaud, sur la rivière « La Smagne ». L’une fut tragiquement tuée par le petit train départemental en traversant la voie ferrée avec sa brouette. L’époque des lavandières est terminée. Nous n’entendons plus l’éclat de leurs voix. Le lave-linge a supprimé un travail pénible. Les ménagères en sont ravies.

Jean CHAUVIÈRE

Les foires

Les foires de “gages” à Sainte-Hermine à la Saint Jean et à la Saint Michel étaient réputées. Garçons de ferme, servantes cherchaient un employeur pour les trois mois d’été ou les neuf mois d’hiver, souvent pour le même salaire, nourris et logés. Si les bonnes logeaient à l’intérieur des maisons, les valets couchaient à côté des animaux, ils étaient tenus chauds pour l’hiver.

Ces gageries se tenaient Place de l’Assemblée. On faisait monter les prix en début de foire en se disant “gage” pour telle somme. Les patrons étaient aussi malins attendant la fin du marché s’il y avait affluence. Outre les marchés de volailles et cochons sur la Place de l’église, les étals Place André Bujeaud, tous les cafés et restaurants installaient de grandes tables sur les rues et offraient un repas simple à petit prix.

Tout se terminait très tard à la “baraque” de l’ancien champ de foire aux bestiaux, aujourd’hui stade André Rousseau. Cette baraque toute noire sur l’emplacement des tribunes actuelles faisait danser, avec les accordéonistes locaux, toute la jeunesse du canton. Pour les familles qui n’avaient pas de place pour une noce à la ferme, on se servait aussi de ce bâtiment… c’était l’ancêtre de la salle polyvalente.

Marie-Renée SUIRE

Les cafés

Entre 1900 et 1950, l’on recensait 24 débits de boissons à Sainte- Hermine.

C’était une époque où l’on prenait le temps de vivre et de trinquer ! « À Sainte-Hermine, chacun sa chopine » (24 centilitres) slogan bien connu de l’époque. Si deux compères se rencontraient, il était d’usage d’aller se désaltérer au café le plus proche. Il n’y avait que l’embarras du choix. Chacun payait sa chopine, on ingurgitait ainsi un demi-litre ! Les Herminois étaient-ils des “bois sans soif”? Il est bien difficile, un demi-siècle plus tard, d’émettre un jugement. Il faut reconnaître qu’il est toujours agréable de se retrouver entre amis autour d’un bon verre de vin.

Les églises

Eglise du simon

Au début du 17e siècle, il existait deux paroisses distinctes : Le Simon et La Vineuse, mais l’église de La Vineuse ayant été incendiée pendant la Révolution, la paroisse disparut et fut automatiquement rattachée au Simon, qui devient Le Simon-la-Vineuse vers 1850.

Il reste de nos jours encore quelques vestiges du presbytère de La Vineuse : les fonds baptismaux et le “toit aux mendiants” qui, comme son nom l’indique, servait de refuge aux sans-abris de passage, ce qui laisse à penser que nos ancêtres possédaient déjà le sens de l’hospitalité. Au Simon, à l’origine du XVe siècle, il n’existait qu’une chapelle. La construction s’est achevée au 19e siècle avec :

  • en 1626, construction d’une seconde chapelle,
  • en 1644, construction de la nef centrale,
  • en 1786, construction du choeur,
  • en 1849, construction de la sacristie.

Dimanche matin 13 février 1972, les éléments se déchaînent, les nuages noirs précèdent les rafales de vent soufflant de l’ouest, heureusement seulement sur une petite largeur à l’intérieur des terres. La ferme de la Bodinière est très tôt attaquée, le hangar s’effondre, la cheminée tombe sur le garage, il faut tenir les portes et les fenêtres. Les grands arbres de la propriété de Madame Marini tombent dans la cour de la ferme. Gérard Biteau, arrivant en retard à la messe, fait évacuer l’église, le clocher soulevé se pose un peu de côté, ce qui devient très dangereux. Il ne sera pas reconstruit à l’identique.

Marie-Renée SUIRE

Histoire du train de Sainte-Hermine

1-Photo-gare-de-sainte-hermine

Pendant la seconde moitié du 19e siècle, la Vendée se couvrit d’une véritable toile d’araignée de voies ferrées à voie “étroite” et ceci, afin de pallier les vides laissés par le grand train qui privaient cruellement de liaisons ferroviaires nombre de régions rurales et certaines villes d’importance secondaire.

Quelques anciens Herminois se souviennent encore de l’activité de la gare, lors des passages quotidiens du petit train départemental.

Ce fut le 10 juin 1900 que le tronçon de chemin de fer a été ouvert au public depuis Chantonnay jusqu’à Sainte-Hermine ; le 15 septembre suivant, la partie Sainte-Hermine-Luçon était opérationnelle. La ligne Chantonnay-Luçon desservait Pont- Charron, où l’importante carrière de pierres alimentait le trafic puis passait par Le Charpre, La Leue, Féole et Sainte-Hermine pour se diriger ensuite vers Saint-Jean-de-Beugné et Sainte-Gemme-la-Plaine avant d’atteindre Luçon.

Jusqu’au second conflit mondial et pendant les deux guerres, le trafic de la gare de Sainte-Hermine était intense, tant pour le transport des voyageurs, des colis, des envois de wagons de blé, de bestiaux et de bois. La gare herminoise réceptionnait également du charbon, et les marchandises des commerçants-détaillants de Sainte-Hermine et des environs.

Pendant les années noires de l’occupation, quotidiennement, un wagon entier de colis de ravitaillement était expédié de la gare de Sainte-Hermine par la population locale et des environs afin d’atténuer le rationnement de la capitale et des grandes villes françaises. Le petit train aura aussi rempli, à son modeste niveau, son devoir de solidarité  pendant ces années noires. N’a t-il pas transporté, au moins jusqu’à Luçon et Chantonnay des milliers de colis destinés aux prisonniers ? Un comité existait dans chaque commune, chargé de l’envoi périodique de colis de ravitaillement. La bureaucratie du Reich ne simplifiait pas les choses, le nombre d’étiquettes à coller sur les paquets était stupéfiant, il y avait aussi à remplir quantité de bordereaux, relevés et états. L’auteur de cet article, qui a prêté son modeste concours afin que ces colis soient expédiés le plus rapidement possible, n’a pas oublié le mot barbare : “Kriegsgefangenensendung” signifiant “Envoi aux prisonniers de guerre”.

Lors des Foires de la Saint Jean et de la Saint Michel de Sainte-Hermine, un train entier composé d’une dizaine de wagons amenait des centaines de voyageurs au chef-lieu de canton.

À la traction à vapeur succédèrent les autorails qui desservirent plus rapidement le trafic voyageurs avec correspondance aux gares des chemins de fer de l’État à Luçon et à Chantonnay. L’été, on pouvait assister au départ de trains entiers de voyageurs, notamment le dimanche, en direction de la mer avec pour terminus la gare de l’Aiguillon-sur-Mer.

Le chemin de fer départemental ne put atteindre le demi-siècle, ce mode de transport périclita avec l’arrivée des moyens de locomotion individuels.

Le 1er janvier 1947, le service voyageurs entre Sainte-Hermine et Luçon cessait. Le 1er octobre 1949, c’était la suppression du trafic de marchandises, enfin le 31 décembre suivant, la totalité des chemins de fer départementaux disparaissait.

Les bâtiments de l’ancienne gare sont, depuis de nombreuses années, propriété communale. Ils ont conservé leur visage d’antan et si le trafic ferroviaire a disparu, la petite gare et la place qui l’entoure connaissent toujours une intense activité.

Jean CHAUVIÈRE